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Ouest-France : “Ils aident les militaires blessés à se reconstruire”.

Ouest-France : “Ils aident les militaires blessés à se reconstruire”.

En presqu’île de Crozon (Finistère), l’association Ad Augusta accom-pagne les militaires blessés, physiquement ou psychologi-quement. Le but : leur redonner confiance et créer des liens.

C’est l’histoire d’un élan de solidarité, de mains tendues à tous ceux qui ont été blessés, physiquement ou psychologiquement, sur les terrains d’opérations intérieurs ou extérieurs. Ces hommes et ces femmes, militaires de la Marine, de l’armée de Terre, de gendarmerie ou encore pompiers qui, à un moment de leur vie, ont perdu pied, ont eu besoin d’aide pour se reconstruire.

Tout a commencé en 2011, en presqu’île de Crozon (Finistère) sous l’impulsion de Michel Pech. Il s’occupait de former des élèves officiers, ceux de grandes écoles et des cadres d’entreprises. Après une longue carrière de militaire, des camarades blessés physiquement ont fait appel à lui pour un accompagnement, en complément des structures déjà existantes dans les armées.

Maison des blessés

« Le but est d’apporter un accompagnement humain, personnalisé et individuel, par l’organisation d’activités adaptées aux handicaps psychiques, expliquent Jean, membre de l’association Ad Augusta, et Thomas Janier, président. Au départ, il s’agissait de blessés physiques. Puis, de plus en plus, des blessés post-traumatiques ont souhaité un accompagnement. »

Celui-ci se fait dans la Maison des blessés, durant une semaine. Mais il peut s’étendre sur plusieurs années. « On organise une semaine d’activité par mois. Cette semaine, ils vont participer à une rando-palmée avec le club de plongée Atlantis de Roscanvel. »

Cet accompagnement se fait avec l’accord préalable du médecin militaire traitant, mais aussi avec celui du militaire blessé. Une convention ressources humaines a été signée avec la Marine nationale par le biais de l’amiral Christophe Prazuck.

« Le but est de remettre les blessés en mouvement, de les aider à reprendre confiance en eux, mais aussi à faire de nouveau confiance aux autres, à la vie, à la famille, détaillent Jean et Thomas. Leur redonner l’envie de tout. Avec de l’écoute, de la bienveillance, nous nous occupons de ce créneau orphelin. Les médecins n’ont pas le temps de s’occuper d’eux personnellement sur le long terme, car ils sont trop nombreux. »

L’objectif de l’association est d’apporter une présence, de recomposer une famille, une cellule qui va perdurer au-delà des cinq jours qu’ils vont passer à la Maison des blessés. « Des réseaux privés, via les réseaux sociaux, se mettent en place entre eux », notent les deux membres de l’association.

Protection et discrétion

Protection et discrétion, c’est le credo d’Ad Augusta. « Nous leur créons un parcours pour les maintenir en activité, avec un fil conducteur pour qu’ils puissent s’impliquer, pour pouvoir se reconvertir ou reprendre une activité. Il faut trouver un projet qui soit porteur de sens. »

Pour ce faire, les trois points directeurs du projet sont : observation, participation et implication. Car pour pouvoir se reconstruire, ces hommes et ces femmes ont besoin de se retrouver et d’avoir un but. « On est dans la pratique, dans le concret. »

« Depuis le début de l’aventure, une soixantaine de blessés, dont une trentaine en suivi, sont venus ici, dénombrent Jean et Thomas. Déjà, nous avons remarqué qu’entre les anciens et les nouveaux, une sorte de compagnonnage s’est instauré, sans notre aide. C’est un grand pas de fait. »

Un deuil à faire

C’est le deuil de ce qu’ils ont été, de leurs illusions perdues qui se joue. Pour ces militaires formés à protéger et à donner leur vie, le regard des autres face à leur traumatisme est difficile à soutenir. Leur perte de confiance en eux, les nuits aux réveils brutaux et l’angoisse qui tord le cœur, les envies d’évasion, les besoins d’oubli et la souffrance sont autant d’obstacles à surmonter qu’Ad Augusta tente d’aplanir. « Certains partent au milieu de la nuit. Ils font plus de trente ou quarante kilomètres à pied et reviennent vers les 6 ou 7 h et se couchent pour se relever vers 8 h, fatigués, éreintés et hagards, sans aucune envie. »

Plusieurs projets sont envisagés par l’association. « Pourquoi pas un partenariat avec le Parc naturel régional d’Armorique, pour participer à une mission environnementale ? Nos garçons et filles ont le sens du bien commun, ils ont besoin de se sentir utile. »

Informations : Thomas Janier au 06 26 54 28 39 ; www.adaugusta.fr

Ouest-France

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